Bonjour Valentin, je te connais très bien mais j’aimerais que tu te présentes pour que tout le monde sache qui tu es.
Bonjour Didier, je m’appelle Valentin CACICI, j’ai 30 ans, j’habite dans le nord près de Valenciennes. Plus jeune j’ai pratiqué beaucoup de disciplines comme le judo, foot (je n’ai pas adhéré), le handball, le basket ball, la boxe anglaise, le golf, le tir, la pêche, le ball trap, le tir à l’arc… j’ai réalisé une bonne partie de ces sports en compétition car pour moi la compétition fait partie du sport. Je me suis vite aperçu que les sports d’équipes n’étaient pas pour moi ! Je me suis également lancé dans la musculation et dans le développé couché. J’ai commencé la compétition dans cette discipline à l’âge de 23 ans.
Peux-tu me dire comment et pourquoi tu as commencé la musculation ?
J’ai commencé la musculation à 17/18 ans, j’étais au lycée. La musculation était au programme de sport car ils disposaient d’une salle de musculation. Cette salle était mise à disposition des élèves le midi pour la somme de 9€ par an, alors autant en profiter.
A cette époque je pesais 54/56 kg. A mes débuts, les premières barres au développé couché que je poussais étaient de 15 kg, et barre à vide (20 kg) les jours où j’étais en forme.
Lorsque j’ai vu une évolution physique très rapide, ça m’a motivé d’avantage et j’ai donc décidé d’investir petit à petit dans du matériel, et de transformer une chambre inoccupée en salle de musculation. C’était donc devenu ma préoccupation principale avec la boxe, entrainement 7 jours sur 7. Après plusieurs centaines d’heures passées dans cette chambre, les charges montaient lentement et le physique mutait de plus en plus. J’ai donc commencé à m’intéresser à l’alimentation.
Je m’approchai ensuite de la « mythique » (à cette époque-là) barre des 100 kg qui ne passait pas. J’ai donc décidé de m’inscrire dans une salle de musculation proche de chez moi afin de retrouver d’autres personnes que je connaissais déjà pour pouvoir évoluer davantage. Je me suis donc inscrit au CLUB HERACLES de Valenciennes, là où les grands débuts ont commencé. Club où à force d’insistance et de persévérance, la petite barre des 100 kg a été franchie, mais sans pour autant relâcher la discipline car les 100 kg n’étaient plus suffisants !!!!
Comment es-tu venu à la compétition ?
Dans cette association Valenciennoise, je continuais à m’entraîner sans relâche tous les jours, faisant la connaissance de plusieurs personnes avec lesquelles nous avons constitué un groupe d’entrainement : Axel, Geoffrey, Antoine (bien plus balaise tous les 3 que moi). Pour certains d’entre eux, ils avaient déjà participé à des concours de 100 kg. A cette époque-là pour moi je me rappelle m’être dit : « C’est quoi ce truc !!!! ». Etant toujours le plus faible d’entre eux, mais toujours le premier intéressé par les petits défis à relever, je me suis moi-même laissé entraîner au jeu d’en vouloir toujours plus…. J’ai commencé à m’intéresser aux méthodes dites de « force » en recherchant sur internet et en visionnant des vidéos. Je regardais les concours de 100 kg sur YouTube, et c’est à ce moment-là que je tombe sur des vidéos d’un certain Didier Michelon. Dans ces vidéos je découvre que l’on peut utiliser des « maillots » pour faire du couché…Bon ok mais pour le moment je m’entraîne avec mes potes en fin de journée.
Un jour j’ai souhaité passer un cap et évoluer. Par le biais des réseaux sociaux je contacte ce Monsieur Michelon. On discute vaguement sur le net, de force, d’entrainement, je suis très curieux sur le sujet. Un jour il me dit « pour évoluer il faut des objectifs, les fixer et les atteindre ». Il m’indique qu’en avril prochain à Faremoutiers il y a la finale France WPC. A ce moment je suis partant mais je ne me sens pas prêt et je n’y connais pas grand-chose.
J’ai finalement acheté un maillot, plus précisément un RAGE X simple ply et j’ai commencé à l’utiliser dans mon coin à la salle, avec JP (Un athlète du Club Héracles) pas très fort 😉 mais toujours présent pour m’aider du mieux qu’il pouvait. Par le biais d’internet il me corrige me guide…
Me voilà à Faremoutiers ce 27 avril alors que je ne connais personne, et ne connais aucun point important du règlement de la compétition : arbitrage, règles essentielles et la claque. Je rencontre pour la première fois Didier Michelon et la compétition se déroule. Elle se termine pour moi par une BULLE. Et oui, le reflet de mon manque de connaissance : je ne respecte aucuns ordres !! A cette grande première pour moi, où je tente les barres de 160/177.5/182.5 kg, effectivement, malgré mes échecs, à chaque barre suivante j’annonçais malgré tout des essais toujours plus haut car ayant déjà l’esprit de compétition très affûté, je voulais rester dans la course avec le premier. Je savais de par mes entraînements que j’en étais capable. Le premier de ma catégorie, ce jour-là, gagne avec une barre à 172.5 kg. J’ai perdu mais je ne me suis pas senti ridicule car pour une première compétition, j’ai tenté la plus grosse barre de ma catégorie. Après cette première épreuve pour moi, était l’heure du passage des « GROS ». J’ai vu des barres bien plus impressionnantes que les miennes mais qui pour moi étaient juste inimaginable !!! On m’explique qu’il y a des maillots simple ply multi ply…. Ok bien ! Donc sur cette même compétition un maillot 2ply est à vendre d’occasion un METAL Orange drôle de couleur mais bon j’achète, sans vraiment savoir où je vais et comment je vais m’en servir.
Aussitôt rentré, malgré l’échec, j’enfile mon nouveau maillot et m’entraîne…. Viens ensuite l’année d’après à Malguénac ma 2ème compétition, en 2014 où dès ma deuxième compétition, je bats la best performance de ma catégorie avec une barre à 205.5 kg.
Peux-tu me parler de ta préparation très spéciale pour une compétition ?
Mes préparations… J’ai mis plusieurs années à trouver LA préparation qui me convenait le mieux. Car, qui mieux que vous-même peut savoir si cette prépa est faite pour vous ……PERSONNE !!! J’ai commencé à faire mes premières prépas avec Didier Michelon qui m’a suivi pendant quelques années, durant lesquelles, les charges et les best performances n’ont fait qu’évoluer.
Un jour j’ai continué mon chemin seul pour ensuite avoir des conseils et des structures de training par un camarade étranger. Je faisais moi-même mes propres programmes avec des exercices bien plus technique et très spécifiques au domaine de la force en cherchant toujours à faire la différence par rapport aux autres…
Mes préparations étaient très techniques par les exercices mais aussi par mes préparations de poids de corps. Je me préparais à être le plus lourd possible tout en concourant dans la catégorie des -82.5 kg car une grosse barre c’est bien mais une grosse barre avec un poids de corps « léger » c’est encore mieux.
Alors oui ma préparation était longue, elle durait 365 jours car la compétition ce n’est pas se préparer 6/8/10 ou 12 semaines avant une compétition, c’est toute l’année des sacrifices personnels, familiaux et alimentaires. La préparation pour moi se terminait le jour J sous la barre. Car le jour de la pesée, la préparation n’était pas encore terminée. Pas toujours évident de peser 95 kg 10 jours avant la pesé, 88 kg 24h avant et 82.5 kg à l’instant de la pesée. Ça me fait toujours sourire lorsque je vois certaines personnes pour qui la pesée est « impossible » ou qui galèrent pour perdre 1 kg ou 500 gr la veille de la pesée. 😊
Je me souviens de tes débuts en inter. Comment as-tu vécu cette compétition à Palm Beach ?
Oui ma première compétition en inter à Palm Beach avec vous à mes côtés pour « m’encadrer » pour ma première fois ! Une grande découverte pour moi, de plus, sur le sol américain, quoi espérer de mieux… Je ne connaissais pas encore beaucoup de monde au sein de la WPC et j’ai quitté ma petite ville du Nord pour partir sur le continent qui fait rêver beaucoup de monde, seul, à l’aventure. J’avais réussi à me débrouiller pour trouver quelques sponsors, mais malgré tout tu m’avais mis en contact avec un athlète de chez toi STEEVE que je ne connaissais pas, mais plutôt que de se retrouver seul…. Je t’ai fait confiance et je me disais que ce serait moins monotone. J’ai retrouvé STEEVE à l’Aéroport de Paris pour prendre l’avion ensembles. Pour lui aussi c’était son premier inter ! Nous avions tous les deux les mêmes questions sans réponses, le même stress pour la compétition. J’ai découvert un gars génial au cours de ce championnat et nos esprits sportifs se croisaient. Steeve et moi avions les mêmes envies et les mêmes soifs de performances. J’ai terminé ce championnat avec une barre a 220 kg et la 3ème place. Je rentre avec une nouvelle best performance et avec un AMI.
Quelle sont tes performances et quel est ton meilleur souvenir en compétition ?
Ma plus grosse performance validée est 285 kg en -82.5 kg. J’ai à chaque compétition gardé de très bons souvenirs. Je suis bien souvent revenu avec des performances plus élevées et aussi revenu avec des échecs. En jouant avec le « toujours plus » le risque est de revenir sans PERFORMANCES. Oui je parle de performance car je ne me battais pas pour une médaille ou un titre. Notre discipline est malheureusement peu reconnue et peu pratiquée, surtout en France. Souvent, peu d’adversaires dans notre catégorie, il n’est parfois pas difficile d’avoir une médaille ou de finir 1er quand tu es seul dans ta catégorie. Alors que la performance, la charge, reste écrite et peut ou pas faire parler de toi.
J’ai malgré tout quelques compétitions qui m’ont marqué, laissé plus de souvenirs que d’autres comme par exemple le grand prix de Prague, compétition organisée au cœur d’un salon de body le top pour l’ambiance. Mais de plus un souvenir inoubliable pour un athlète ! Pour notre deuxième participation à cette compétition avec mon ami PIETER, nous étions les deux seul représentants WPC France. Tout avait super bien commencé sauf qu’en arrivant à l’hôtel je me rends compte que j’avais oublié mon singlet… pas bien grave « j’en emprunterai un à la compet ». Le matin de la compétition il était environ 10h, on nous annonce notre début de plateau pour 16h. Nous sommes donc rentrés à l’hôtel pour manger tranquillement et nous reposer. Nous sommes repartis à la compétition plus tôt que ce que nous avions prévu vers 14h et là !!!!! c’est à nous de passer dans 15min… l’échauffement n’a jamais été aussi rapide. Et nous avons malgré tout amélioré nos performances. J’avais cette fois-ci concouru en -90kg et validé une best performance WPC France a 275kg et remporté la première place toute catégorie.
Mon meilleur souvenir, mais je l’ignorais encore à ce moment-là… restera ma dernière compétition avec vous à ORLANDO où j’ai tenté une fois de plus la plus mythique des barres pour un bencheur à 300kg en -82.5kg. Avec un post-compétition inoubliable.
Ta plus grosse déception en compète ?
Je prenais chaque compétition comme une déception sportive, car je pense que dans le sport le jour où tu deviens satisfait, alors ton évolution n’a plus de route. Alors je revenais toujours avec une amertume pour me remettre au travail rapidement pour de nouveaux objectifs.
Je ne pouvais pas le savoir ni l’imaginer à ce moment-là, car pour moi mon sport et ma passion n’avaient pas de limites ni de fin. Mais maintenant, je peux malheureusement le dire ma plus grosse déception reste ORLANDO car, sans le savoir, ce fut ma dernière participation en compétition et je ne l’imaginais pas !
Quel ou quels sont les athlètes qui t’ont le plus marqué pendant ta carrière ?
Beaucoup d’athlètes m’ont marqué, d’abord il y a toi Didier « the pitre » … toujours à s’amuser même au moment de passer sous les barres, en inter à déconner tout au long de l’échauffement et malgré ça tu valides et passes tes barres loin d’être négligeable pour un gars de ton âge, chapeau. Les athlètes qui se battent sans relâche depuis des années pour atteindre leurs objectifs sans jamais baisser les bras ERIC, SANDRINE, GARRY… et qui sont toujours de la partie en inter. Il y a les athlètes avec lesquels je suis maintenant ami, avec qui j’ai fait mes débuts à leurs côtés je pense bien sûr à STEEVE premier inter avec lui qui valide des barres qui pour beaucoup sont juste : « impossible de lever ça ». Il y a BAPTISTE sans hésitation. J’ai fait mes débuts en même temps que lui nous avions pour nos premier pas la même ligne directrice dans deux domaines différents lui en RAW moi en EQUIPE et tous deux nos performances ont bondi dès le premier jour. Il y a bien évidemment PIETER avec qui sans même le savoir à cette époque-là, nous avons fait notre toute première compétition ensemble à Faremoutiers. Nous habitions à quelques kilomètres l’un de l’autre, la même passion la même discipline sans même se connaître. Quelques années plus tard nous avons fait route vers la performance ensemble dans le même club, que nous avons géré ensemble d’ailleurs.
Au-delà des frontières, il y avait des athlètes qui m’interpelaient. Certes je ne les connaissais pas personnellement mais je les connaissais au travers de leurs performances réalisées BRAD HECK, JASON COKER, KALLE RASANEN. Des gars avec des performances hors du commun avec des poids de corps relativement bas, et avec des préparations particulières.
Aujourd’hui que tu as arrêté la compétition as-tu des regrets ?
Je regrette tout d’abord de ne pas avoir validé de barre à 300kg mais je regrette juste un arrêt obligatoire aussi brutal.
Je regrette également ne plus pourvoir accompagner la WPC France dans les championnats à l’étranger. Car n’étant plus compétiteur j’aimerais encore vivre ma passion au-delà de l’Open France en accompagnant la Team France en inter. N’ayant plus de sponsor pour participer aux frais il devient compliqué de vous suivre. Alors que l’envie d’accompagner l’équipe est toujours belle et bien présente.
Si tu devais dire quelque chose à un jeune athlète qui se lance que lui dirais tu ?
Je lui dirais « tu ne sais pas dans quoi tu te lances » 😊
Tout dépend de quel type d’athlète il s’agit. Si c’est un athlète qui court après la victoire et les médailles alors je lui dirais vas-y fonces, tu vas en ramasser !!!
Mais si c’est un ATHLÈTE qui cherche la performance et l’évolution sans limite, alors je lui dirais qu’il faut faire confiance au temps, tu ne peux pas prétendre à des résultats sans expérience. La recette de la force ne se trouve pas sur un site avec un programme de force, ce n’est pas avec les « pseudos » programmes ou COACH (faux coach) du net que tu y arriveras. Les gens qui se disent COACH, sans diplôme, sans brevets ou alors sans aucune expériences et résultats significatifs dans notre domaine qui est bien spécifique, ces gens-là te feront perdre ton temps et parfois ton argent.
Prends les bons conseils de la bonne personne, un préparateur ou un ATHLÈTE avec un LOURD passé. N’essaye pas d’écouter plusieurs personnes en même temps car cela te fera tourner en rond. Tu fais confiance à une personne et tu l’écoutes. Ne te décourage pas. Et je te souhaite bien des échecs car tu t’en relèveras plus fort.
Depuis que tu as intégré le bureau de la WPC et que tu es devenu arbitre comment te sens-tu dans ces nouvelles fonctions ?
J’ai intégré le bureau de la WPC en tant que secrétaire adjoint avant même mon arrêt brutal car j’avais envie de m’investir davantage pour ce qui me passionne et pouvoir porter un avis ou une opinion supplémentaire pour nos athlètes. J’avais également depuis quelques années envisagé de devenir arbitre mais bon…… arbitre/athlète en même temps, je n’étais pas sûr que ce soit le bon mélange pour moi. Il est certain qu’une fois cet arrêt obligé, je me suis vite tourné vers arbitre la question ne se posait plus et c’est pour moi une façon de toujours vivre ma passion au plus près des athlètes. Et j’adore ce rôle. J’aimerais de plus devenir arbitre international mais la raison citée ci-dessus est toujours présente, déjà pas évident de trouver des sponsors pour un athlète alors pour un arbitre c’est chose plus compliquée.
Je pense que personnellement mon intégration s’est faite relativement vite et facilement étant donné que je ne suis plus nouveau à la WPC. Mais je pense que cela n’est pas encore dans la vision de tous. La WPC a longtemps et toujours été gérée par vous 3 Sandrine, Eric, Didier et du fait de votre ancienneté je pense que les gens, les athlètes se tournent directement vers vous. Cela viendra avec le temps je pense.
Merci Valentin la parole est à toi pour nous dire le mot de la fin.
J’ai et je passerai de super moment avec la WPC et mes amis de la WPC. J’espère que je pourrai à un moment reprendre mon chemin avec vous pour l’international et accompagner l’équipe.
Tu sais que cette interview n’a pas été très facile pour moi mais ça m’a fait plaisir d’y répondre. Si des athlètes ont des questions sur la pratique de la discipline ou cherchent des conseils je leur répondrai avec plaisir tout comme j’accompagne et conseille toute l’année des amis qui se reconnaîtront.
Merci à toi Didier