Bonjour, peux tu te présenter ?
Bonjour, je m’appelle Baptiste Deodati, j’ai 22 ans et je suis compétiteur en développé couché.
Quel est ton âge, ton poids, ta taille ?
J’ai 22 ans, je fais 1m69 pour 103 kilos.
Quel est ton record actuel homologué ?
J’ai validé 205 kilos en bench raw l’année dernière (2015) au grand prix WPC d’Angleterre.
Que fais-tu pour ton psychisme ou à quoi penses-tu avant de pousser ?
Ça dépend : pour les compétitions en France je me dis que je vise la 1ère place, j’essaie de créer une sorte de rage envers mes adversaires, je le vis comme un combat. Lorsque je suis à l’étranger, j’aime à penser que je représente la France, et c’est à travers ça que j’arrive à trouver la motivation et l’énergie au moment du passage.
Penses-tu que le power et le bench soient populaires en France ?
En vérité c’est populaire car dans toutes les salles de muscu de France, sans s’en rendre compte, les gens se mettent en compétition : souvent les gens demandent quels sont leurs max au bench par exemple. La discipline en elle-même n’est pas populaire (même si elle gagne en notoriété d’année en année), cependant, le principe et les valeurs qu’elle représente sont populaires.
Es-tu athlète dans plusieurs fédés ? Si oui, pourquoi et quelles sont ces fédés ?
En France non, je tire uniquement en WPC car pour moi c’est la fédé avec le meilleur niveau, et de loin : en termes de performance comme d’organisation. A l’étranger, je tire dans d’autres fédérations, je ne me limite pas à me demander quelle fédération organise tel ou tel événement, je regarde si la compétition est intéressante, si on m’invite, et je trouve que c’est une bonne chose de représenter l’équipe de France sur plusieurs événements, même si au final la WPC reste ma fédération de cœur, et c’est là qu’on trouve les compétitions les plus intéressantes.
Qu’est-ce que tu aimes le plus dans le power ou dans le bench ?
Je trouve que c’est très sain en tant qu’homme de mettre sa force à l’épreuve face aux autres : le culte de la force et les jeux de force existent depuis des millénaires en Europe, c’est quelque chose d’inhérent à notre culture qui s’est un peu perdu en France depuis des années. J’aime revenir à cette dimension virile du sport et je dirais que ce qu’il me plait vraiment, au-delà du dépassement de soi, c’est de voir les efforts payer : c’est une discipline reconnaissante, plus l’entrainement est difficile, plus les fruits du travail sont intéressants.
Si tu avais la possibilité d’améliorer ce sport, que proposerais-tu ?
On rêve tous d’une seule et unique fédé en France mais les mentalités sont trop différentes. Sinon, dans mon domaine (bench raw), la dynamique est bonne, il n’y a rien à améliorer
Quels sont tes objectifs dans le futur ?
Dans un futur proche, j’aimerais finir ma dernière année de junior en beauté avec une belle barre, c’est toujours un peu tabou dans ce sport de parler de chiffres à l’avance, c’est comme une superstition, ça porte malheur, mais une belle barre.
Et dans un futur plus éloigné, j’aimerais faire des podiums open en championnat du monde.
As-tu un coach ? Qui est-il ?
Oui j’ai un coach, il s’appelle Didier Michelon qui à ce jour en est à son 20eme titre de champion du monde toute fédération confondue en bench équipé. C’est le meilleur bencheur français de tous les temps. C’est lui qui m’a vraiment introduit dans ce sport, qui m’a tout fait découvrir, qui m’a emmené en compétition pour la première fois etc… Bref tout ce que je sais sur la discipline c’est lui qui me l’a enseigné, je lui dois beaucoup.
As-tu pratiqué d’autres sports avant la force ?
Oui j’ai fait plusieurs sports de combat étant assez jeune.
Comment es-tu venu à la musculation et ensuite à la compétition ?
La musculation c’est marrant, comme je l’ai dit j’ai fait plusieurs sports de combat, j’avais tendance à me blesser régulièrement (articulations.) et c’est mon kiné qui m’a proposé de faire la musculation pour me renforcer, à l’époque je faisais 53 kilos. Je me suis inscris dans une salle de sport et en venant régulièrement j’ai découvert des gens qui pratiquaient le culturisme ça m’a fait m’intéresser aux sports de forme et de force. En faisant des recherches j’ai découvert le powerlifting, j’ai commencé à m’entrainer en 3 mouvements, et quelques années plus tard, quand j’ai rencontré mon coach, je me suis spécialisé dans le bench.
As-tu une diététique particulière avant la compétition ? Prends-tu des suppléments ?
Je tire en –100 kilos, mon poids en préparation est souvent au-dessus aux alentours de 105 kilos. Avant les compétitions, je fais ce qu’on appelle un rebond avant la pesée, je coupe tous les sucres et l’eau pendant 24 heures et après la pesée je recharge. Pour le reste de ma prépa je maximise mon apport en protéines (30 à 50g de protéines toutes les 4h) et bien-sûr les sucres lents en quantité suffisante dans chacun de mes repas.
Je me supplémente en oméga 3 (pour le cœur et les articulations) et je prends des compléments en multivitamines pour n’avoir aucune carence.
Quel est ton programme de préparation ?
Ma préparation se fait en plusieurs étapes, selon mes objectifs et mes ressentis, j’adapte mon programme en plusieurs cycles mais j’aime beaucoup travailler avec du matériel comme un slingshot, shooter, bench daddy, etc… qui font travailler en surcharge, c’est une méthode qui marche bien sur moi. Je la mêle à plusieurs exercices de stabilité et d’explosivité.
Quels exercices complémentaires utilises-tu ?
Par semaine en préparation je consacre une séance de dos, car c’est très important en bench raw d’avoir un dos fort et solide, je fais aussi divers exercices de triceps et de trapèzes.
As-tu une ou des techniques particulières ?
On a tous des techniques un peu particulières même si je tiens les miennes plutôt de mon coach, je ne crois pas qu’il apprécierait que je dévoile ses secrets (rires).
Comment appréhendes-tu les charges au bench ou au squat ou au deadlift ?
L’important c’est de ne pas avoir peur de la charge, j’ai vu des athlètes obligés d’arrêter cette discipline à cause de l’appréhension qu’ils avaient des barres. C’est bien d’avoir des coéquipiers qui soient de bons spotter, ça permet de se sentir plus en sécurité quand on commence à faire des barres un peu plus lourdes.
Quel est ton meilleur souvenir en compétition ?
Mon meilleur souvenir en compétition, c’est l’année dernière (2015) quand j’ai validé les 200 kilos car ça faisait des années que je préparais cette barre et c’est celle qui m’a donné du fil à retordre. Déjà parce que j’ai eu une hospitalisation très lourde qui m’a considérablement ralenti, j’ai perdu 16 kilos en un mois. Ensuite parce que j’ai raté une fois en championnat d’Europe (GPA), alors quand j’ai enfin validé cette barre, c’est une joie inexplicable, un vrai sentiment de satisfaction.
Qui est ton ou tes mentor ou ton ou tes exemples ? Un français et un étranger minimum.
Pour le français, Didier Michelon mon coach dont j’ai déjà parlé précédemment. A l’étranger, il y a plein de stars de ce sport que j’admire bien-sûr, mais je suis particulièrement attiré par David Meszaros parce qu’il est dans ma catégorie, c’est d’ailleurs le meilleur junior en -100 bench raw depuis des années.
As-tu une anecdote à me raconter ?
A ma première compétition j’étais très impressionné par tous les sportifs présents au gabarit hors normes et au taux palpable de testostérone dans l’air et mon coach m’a présenté à un athlète tout calme qui était assis dans son coin durant toute la compétition, quelqu’un de très gentil qui parlait d’une voix très douce, c’est quand il est passé sur scène que j’ai compris le phénomène que c’était : c’était Zahir Khudayarov.
As-tu quelque chose à rajouter ?
Je suis fier que le niveau de la France à l’international en powerlifting et en bench soit grandissant et qu’on a de belles années devant nous en terme de performance et de records. Vive la France, vive la force.